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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/20

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ressèment suprême et d’égoïsme surhumain, deux états où l’être entre également en lutte avec ses fins naturelles. Toutes ces réflexions, certes, ne s’appliquent pas aux amours de Peronne d’Armentières et de Guillaume de Machaut, mais si elle eut surtout l’ambition de créer un autre Pétrarque, ce mobile du moins ne pouvait entrer qu’en une âme dénuée de vulgarité. Il n’est pas accoutumé que les jeunes filles de l’aristocratie, même au quatorzième siècle et au temps des cours d’amour, fassent à la gloire l’offrande de leur cœur et de leur beauté. A défaut d’être une nouvelle Laure, car Guillaume de Machaut n’est tout de même pas Pétrarque, Peronne d’Armentières, plus clémente et plus féminine, se range en tête des amantes dont rêvent, comme Goethe de Bettina, après les moissons humaines, les poètes sur le déclin. Son histoire est vraie ; Guillaume l’écrivit au jour le jour, à mesure que l’amour déroulait la banderole, et Peronne n’y corrigea qu’une lettre qui dévoilait trop clairement son nom, car elle avait ses raisons pour tenir davantage aux louanges de la postérité qu’à celles de ses contemporains.

II

Peronne d’Unchair, dame d’Armentières, dont