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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/21

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la mère s’était remariée avec Jean de Conflans, seigneur de Vielmaisons en Brie, était, en 1862, une belle jeune fille « entre dix-neuf et vingt ans d’âge », selon Guillaume de Machaut, homme discret. On l’appelait aussi Péronnelle, et ce nom, qui a pris un sens ironique ou plaisant, n’était alors qu’un aimable diminutif, avec Perrine et Pernelie l’une des nombreuses formes populaires de Pétronille, illustre sainte. Elle était de grande maison, de bonne éducation, d’esprit charmant, avait tout ce qu’il faut pour donner des femmes du quinzième siècle l’idée la plus heureuse. Mais il est probable qu’il n’y en eut guère de comparable à Peronne, car il faut la tenir, telle que nous la connaissons, comme un des plus agréables poêles de ce temps et la femme qui écrivit peut-être les plus jolies lettres de caresse qu’on puisse imaginer. P. Tarbé, qui ne sut point son véritable nom, l’appelait Agnès de Navarre-Champagne, dame de Foix, fut pourtant celui qui la révéla, mais plutôt aux historiens qu’aux amateurs d’âmes. Paulin Paris, éditeur du Voir-Dit[1], ne porte pas sur elle de jugement littéraire, mais s’intéresse au romanesque de son aventure, qu’il commente même un peu lourdement.

Pour moi, je voudrais tout simplement la faire

  1. Le livre du Voir-Dit de Guillaume de Machauf, où sont contées les amours de G. de M. et de P., dame d’A. Avec les lettres et les réponses, etc.