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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/33

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par plusieurs fois et sans demander. Désir tant me point et assault de telle manière qu’il convient que j’aie le cœur si étreint que la liqueur (des larmes) en descend parmi mes yeux. » Et quelques jours plus tard : « Un bien d’amour donné et reçu secrètement en vaut cent, et un jour bien employé vaut un an, et est remède et confort contre la mort, contre désir et contre fortune. » La réponse de Peronne, bien jolie et bien délicate, est un acquiescement. Elle fera son bon plaisir et le fera volontiers et aimera son ami sur toute créature humaine très loyalement, tous les jours de sa vie ; et elle accorde un nouveau rendez-vous, dans son verger, la nuit,

Après souper, pour nous déduire,

et elle y arrive la première. Le Voir-dit ne nous renseigne jamais sur les lieux de rendez-vous. C’est la seule prudence de ce livre sans voiles. C’est Paris ou quelque ville ou château de Brie ou Champagne où les Conflans avaient de nombreux domaines. Cette fois, c’est à Paris, d’où on s’en va en pèlerinage à Sainte-Jamme et de là à la foire du Lendit à Saint-Denis. Ils sont accompagnés d’une amie, Guillemette, et, la foire parcourue, ne trouvent de logis que chez un riche vilain qui leur cède une chambre à deux lits, toute semée d’herbe verte ; au Louvre, il n’y avait que de la paille. Il y a là un charmant épisode, tout de naïveté, et non de perver-