Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vienne. Mais elle est de grande maison. On n’entre chez elle qu’à son ordre, et elle laisse contempler sa couleur vermeille, sa gorge polie et tendre. Guillaume ému tombe à genoux et commence une prière à Vénus, vraiment d’une grande allure :

Vénus, je t’ay toujours servi,
Depuis que ton ymage vi (je vis)
Et dès lors que parler oï (j’ouis)
De ta puissance…

Tu ies ma dame et ma déesse.
Tu ies celle qui mon cuer blesse
Et le garis par la noblesse
Si doucement…

Et Vénus évoquée descend dans une nue et fait le miracle que le poète attend avec ferveur :

Et mes désirs fut accomplis.

C’est alors que Peronne lui remet la clef de son trésor, de son honneur, de sa richesse, de tout « ce dont puis faire largesse », dit-elle, en ajoutant que ce trésor ne peut être diminué par le récit de leurs amours, tel qu’elle veut que Guillaume l’écrive à mesure que la vie en fait naître les épisodes. Elle est fière de cette tendre liaison.

Les lettres échangées après leur nouvelle séparation rappellent amoureusement le souvenir de cette fête matinale. Peronne avoue qu’elle pense à cela et à son ami plus qu’à prier Dieu. Elle l’a longtemps