hasard espère-t-il concilier ces deux antinomies, Dieu et le désespoir, comme si Dieu n’avait pas été inventé précisément pour ôter le désespoir du cœur des hommes devenus trop conscients de leurs misères ? Par quelque côté que l’on prenne cette philosophie, tant vantée à cause de son expression stoïcienne, elle est absurde, ou, du moins, c’est toujours le point de vue auquel je me place, sans valeur pour un esprit d’aujourd’hui. Que l’on sente la vie comme foncièrement bonne ou mauvaise, ou plus vraisemblablement, mêlée, selon des doses variables, de bon et de mauvais, la tendance vraiment philosophique est de l’accepter et, en termes vulgaires, d’en tirer tout le parti possible. La plus mauvaise, vécue avec intelligence, se prête encore à cet effort. Il ne s’agit plus de la résignation, qui courbe les épaules sous le poids d’un châtiment, encore moins du désespoir qui vous met d’avance un goût de cendre dans la bouche, mais de la décision fière de l’être qui veut la vie avec toutes ses activités. « Je subis ma prison, j’y tresse de la paille », excellentes dispositions qui ne peuvent être que provisoires, maximes chrétiennes qui n’ont de valeur que dans le christianisme même et qu’on ne peut en isoler sans leur faire perdre toute signification raisonnable ou tolérable.
Mais cela n’est pas une philosophie. Ce n’est qu’une tournure d’esprit, par où se trahissent les