Page:Gourmont - Promenades philosophiques, sér1, 1913.djvu/266

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ment La Fontaine en un de ses contes, cela ne veut pas dire sans doute la même chose que : « La fille a Nicolas. » Il faut maintenir ces accents, sans hésitation. Qu’on le supprime sur déjà, cela sera sans inconvénient : ainsi les méditations de la Commission sur l’accent grave n’auront pas été tout à fait infructueuses.

Je lui accorderai, de plus, que l’accent aigu n’a aucune raison d’être sur des mots tels que irréligieux, dorénavant, énamourer ; que le second e de événement est ouvert et qu’il y a lieu d’écrire évènement, comme on écrit d’ailleurs avènement ; qu’il est fâcheux que les accents, souvent mal placés, ne soient pas allés se poser sur bloc ou sur broc, sur œuf ou sur œufs, qui auraient pu ainsi manifester clairement la différence de leurs sonorités. « Faute d’un signe diacritique, dit excellemment M. P. Meyer, la prononciation de certains mots est actuellement en voie de détérioration. » Cela est vrai, mais il y a une cause plus générale, au moins quand il s’agit des pluriels et des singuliers à sonorité différente : c’est que le singulier emporte le pluriel et tend à l’effacer. On entend œufs prononcé comme œuf ; coqs, comme coq ; et il n’est pas jusqu’à chevaux qui n’ait peut être commencé un très léger mouvement de recul devant chevals. Il est vrai