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LIVRE PREMIER.

ne craignent point d’appeller mantelet, vne piece de leur habit ſacerdotale. Sçachons des Aſtrologues & des gens de Mer, s’ils ont ouy parler d’vn ventolin. D’autre part tous les noms d’Animaux ont leurs Diminutifs, auſſi communs que les primitifs : poulet, pouſſin, poulette, cochet, chapponneau, pigeonneau perdreau, cailleteau, beccaſſine, gelinote : roſſignolet, oyſelet, ayglon, moucheron, dindon, canette. Ceux-cy demandent place en ſuyte, leuraut, lapereau, ſerpenteau, couleureau, vermiſſeau, ſouriſſeau, regnardeau, lionceau, cheureau, cheurotin, [teſmoins les gands qui s’en font] louueteau, ourſon, leuron, aſnon, bouuillon, cochon, qui vient de coche, chaton, barbichon, bichof, buffetin, agnelet, brebiette. Ces autres en ſont encores : lamproyon, brocheton, carpillon, barbillon, ſollette, beſtion, beſtiolle : & de plus, garçonnet, fillette : voire hommet & femmette, ſi on trouue à railler en la baſſeſſe de leur taille : n’oublions pas hommeau & femmelette ; ainſi baptiſez par vn autre biais de meſpris : comme à meſme deſſein de meſpris, les Eſſais parlent d’vne amette, non pas amelette ; qui ſonne en ſon iuſte lieu pour Diminutif tendre. Et le Spartiate ſe plaint au meſme Plutarque d’Amyot ; que leur Roy eſpouſant vne petite femme, leur vouloit engendrer, non des Roys, mais des Roytelets : & en ſuite, du meſme Diminutif de Roy, certain oyſeau s’appelle roytelet pour ſa beauté. Ayant au reſte ouy dire par fois, non ſeulement courſerots, mais caualins à gens d’ecurie ; chiennets à ceux qui font meſtier d’en nourrir, & cuyracine aux guerriers, en la ſignification d’vne cuyrace legere. Les arbres ne veulent pas eſtre comtez pour rien en cét endroict : arbriſſeau, ſauuageon, aulneau, cheſneau, freſneau, charmeau, ormeau, coudreau. D’autre part il eſt vray, que la façon d’vne fleur rapportant au baſſin caue, l’a faict nommer baßinet, & que la beauté d’vne herbe eſt cauſe qu’on l’a baptiſée du nom d’amourettes : de meſme que la ſaiſon de Paſques où croiſt vne autre fleur, la fait nommer paſquerette : & le preau qui la porte eſt diminutif de pré : de plus, on cognoiſt la febuelotte auſſi communément que la