assez étudié les races ; je ne me trompe jamais sur les origines. C’est le métier, du reste, qui donne ce tact ou plutôt qui le développe. Il n’y a pas d’homme de police sans cette faculté. Ah ! si j’avais votre bonne plume, monsieur de Balzac, j’écrirais des choses à bouleverser de fond en comble le ciel et la terre sur le génie qui bat dans la tête, dans les entrailles, dans les artères des vrais hommes nés pour la police. Tenez ! moi, par exemple, moi, je suis venu au monde pour ça. J’ai le nez fendu comme les chiens chasseurs. Vous aussi, vous avez le nez fendu. Nous flairons de loin. »
Balzac sourit au compliment, à l’honneur d’être de la confrérie des nez fendus.
« Mettez-moi au milieu d’une foule de mille individus, je découvrirai un galérien rien qu’à l’odeur. Ceux qui ont vécu à Brest et à Toulon contractent un musc que je reconnais au bout de vingt ans sur eux. Ça vient me trouver comme le parfum de la rose.
— La rose des bagnes. Joli, dit Balzac. Nous la mettrons à côté de la rose-thé.
— Et j’ai bien d’autres instincts, continua Vidocq. En me levant, je prévois si dans la journée je recevrai un coup de couteau de quelques-uns de ces braves gens que j’ai fait boucler. Cela dépend beau-