Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/102

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reste, la grande place a ses établissements de rigueur à offrir aux étrangers : la mairie avec un cadran solaire, le café et ses deux banquettes, le cabinet de lecture, où l’on vend aussi du tabac, et le marchand de vins dont l’enseigne, sans qu’on sache pourquoi, présente l’image chaudement enluminée d’un sapeur de la garde nationale. C’est sur cette place que se trouve aussi le bureau de poste de M. Leveneur, lequel, cumulant, selon l’usage de beaucoup de directeurs de postes, tient l’épicerie en gros et en détail, la poudre de chasse, les artifices pour les fêtes, et tous les instruments de pêche.

À partir de ce plateau, assez vivant, l’été, et à l’époque de la chasse particulièrement, le village descend avec rapidité vers la plaine, qui de ce côté est d’une richesse remarquable. Les dernières maisons de ces rues inclinées touchent déjà aux murs des magnifiques parcs dont la campagne est couverte. Beaucoup de familles, anglaises qui ont leurs enfants aux collèges d’Orléans et de Tours habitent ces propriétés seigneuriales, appartenant aujourd’hui, en grande partie, à des maîtres de forges de la Sologne. Ceux-ci vivent avec douze cents francs, et se font des revenus de quinze à vingt mille francs.

À une demi-heure de marche environ, on trouve la Prairie, vaste et beau terrain placé entre la commune de Saint-Faréol-dans-les-Bois et celle de Saint-Michel-hors-des-Bois. C’est une immense prairie, en effet, dont les habitants des deux communes voisines ont fait, sans le vouloir, une charmante promenade. Ils ont tracé, à frais communs, un canal autour de cette plaine de verdure, et planté quatre rangées d’arbres sur les deux berges, ce qui a formé des allées très-fraîches, et découvrant à leur extrémité le village de Saint-Michel. Comme l’agrément est rarement le motif qui entraîne les communes à se mettre en dépense,