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beau fort simple en pierre bleue, surmonté d’une colonne cannelée ; une grille en fers de lances l’entoure carrément. L’autre monument, celui de gauche, a plus de grandeur, sans sortir de l’austérité qui convient à ces sortes de constructions héroïques. Sa forme est celle d’une pyramide à large basé. Il a été dédié par les officiers des légions allemandes à leurs frères d’armes du Hanovre, tombés glorieusement le 18 juin 1815. Il porte sur trois faces les noms, des officiers tués et sur la quatrième cette inscription anglaise dont nous venons de donner le sens :

TO THE MEMORY
OF THEIR COMPANIONS IN ARMS
WHO GLORIOUSLY FELL ON THE MEMORABLE
18TH DAY OF JUNE 1815
THIS MONUMENT
IS ERECTED BY THE OFFICERS OF THE KINGS
LEGION GERMAN.

Ces deux monuments funéraires, par leur position isolée et comme suspendue, indiquent les changements qu’a subis depuis 1815 le terrain où la bataille de Waterloo, fut livrée. Il est si peu ce qu’il était alors, que lord Wellington, en le revoyant il y a quelques années, a pu dire : « Ils m’ont gâté mon Waterloo. » À partir de la Haye-Sainte jusqu’à Mont-Saint-Jean, ce terrain formait un double escarpement traversé par la route de Charleroy. Pour construire la montagne du Lion, on a pris la terre des deux monticules ; le sol, diminué dans son épaisseur, a dû descendre considérablement, et les deux monuments restés à leur place de chaque côté de la route marquent l’ancien niveau. Ainsi l’endroit où la lutte s’est déployée dans toute sa fureur, où le canon a porté ses coups les plus sûrs et les plus décisifs, où le sang a le plus coulé,