Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/303

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Le docteur ne comprenait rien au discours du marchand d’habits.

Mistress Philipps fort peu. Elle ouvrit sa bourse et donna deux guinées au marchand, qu’elle crut autant sur sa parole que d’après l’attitude humiliée du chien.

— Dieu vous garde, milord ; et vous, milady, acceptez mes remercîments avec mon regret de ce que les robes n’étaient pas en meilleur état. À l’avenir, nous en étalerons de neuves, et nous laisserons votre chien broder tout à son aise, sans le rouer de coups ni lui fausser la patte, ainsi que nous avons eu le tort de faire.

En, passant près de Rog, le marchand d’habits voulut le caresser. Rog n’offrit pas de prise ; il se glissa comme une grenouille sous le fauteuil de sa maîtresse.

— Brave bête ! dit le marchand en partant, ça fait du moins aller le commerce.

Une vieille femme, entra. Son oeil, convexe, dur et brillant comme un bouton d’acier, mais rouillé sur les bords, avisa le chien sous le fauteuil, où il s’était tapis. Elle alla droit à lui, les doigts écarquillés, le pinça par l’oreille, et, l’élevant comme un lièvre au-dessus de terre, elle le considéra quelque temps. Rog tremblait. La vieille femme, après l’avoir ainsi suspendu et toisé, lui souffla au museau, dernière injure que les vieilles femmes et les chats se permettent envers les chiens.

— Il est donc à vous, ce beau quadrupède ?

— Allons, sorcière, finissons-en, répondit le docteur, oui ; il est à nous, après ?

— Eh bien ! tant mieux ! vous devriez le faire empailler, le mignon. À quelle heure le couchez-vous ?

— Madame, je vous ai déjà dit d’en finir.

— On finit. Mais alors, répliqua la vieille en tirant toujours Rog par les oreilles, Rog, tout racorni et l’oeil per-