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Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/304

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pendiculaire à cause du tiraillement qu’il subissait ; alors, donnez-moi sa peau, ou payez-moi six chapeaux roses d’enfants qu’il a renversés dans la boue comme des quilles en brisant mon vitrage ; il y a de cela deux jours. Je ne vous demande que soixante schillings ou sa peau.

— Voilà soixante schillings.

Quand la vieille marchande de chapeaux eut les soixante schillings dans sa main gauche, elle lâcha de la droite le pauvre Rog, qui, retombant de quatre fois sa hauteur sur sa patte foulée, poussa un cri déchirant.

Le docteur se leva et saisit sa canne.

Et la vieille courut vers la porte, d’où elle cria :

— Est-ce que vous n’avez pas honte de mettre à un chien laid et vicieux un collier plus beau qu’à un chrétien ? Ah ! vous avez bien fait de graver à son cou à qui il appartient. Il faut être honnête comme nous pour ne pas retenir le collier et chasser le chien à coups de balai.

Les domestiques jetèrent cette femme à la rue.

— Comprenez-vous quelque chose à cela ? dit M. Young s’adressant aux domestiques ; — mais, pour peu que cela continue, tous les marchands de Londres vont venir présenter des mémoires. La faute en est à vous. Ce chien est trop gâté. Si vous le battiez quelquefois et ne le laissiez point sortir, vous ne vous exposeriez point à payer ses fredaines. À la place de mistress Philipps, je retiendrais sur vos gages le coût de ses dégâts.

— Qu’en pensez-vous, madame ?

Le docteur fut abasourdi.

— Ah ! si vous le caressez, vous aussi, je n’ai plus rien à dire ; si c’est là sa punition, je me tais ; belle correction, ma foi ! — Faites, messieurs.

Les domestiques se retirèrent en souriant.

Rog est accroupi sur les genoux de mistress Philipps,