— Oui, commandant. Mais…
— Mais quoi ?
— J’ai fait apporter de Villeneuve-Saint-Georges du beau poisson.
— Ensuite ?…
— Mais les pêcheurs sont, là, et je ne puis pas les renvoyer sans les payer. Il me faut douze francs.
— Il te faut douze francs ?
Le commandant fouilla dans toutes ses poches, dans celles du gilet et dans celles du pantalon ; il ne parvint à réunir que six sous.
— Mademoiselle Suzon, demanda-t-il à Mistral, n’a donc rien laissé pour la dépense du château ?
— Non, monsieur, puisqu’elle a compté sur ce qui restait au garde-manger.
— Eh bien ! donne ces douze francs aux pêcheurs.
— J’attends que vous me les donniez d’abord.
— Dis-leur de repasser.
— Mais, monsieur le commandant, ils viennent de Villeneuve-Saint-Georges.
— Attends un instant,
Et le commandant Mauduit se mit alors à se promener à grands pas dans le salon, préoccupé, horriblement contrarié, mâchant ses moustaches ; enfin il dit à Mistral :
— Crois-tu que ces pêcheurs auraient à me rendre sur un billet de mille francs ?
— Mille francs ! où diable les prendraient-ils ?
— J’en suis très-fâché pour eux, dit le commandant encore plus fâché que ceux qu’il supposait devoir l’être ; mais je n’ai que des billets de banque de mille francs dans mon secrétaire. S’ils n’ont pas la monnaie de mille francs, qu’ils reviennent demain au château.
— Mais…