Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/35

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Sa figure dépassait comme beauté, comme noblesse, comme grâce, les limites de l’idéal. Le burin anglais, le premier du monde, n’a jamais creusé dans la chair bleuâtre de l’acier de pareil contours. C’était le front olympique de Byron, l’œil profondément observateur de Molière, la bouche souffrante et railleuse de Sterne, trois figures que l’univers entier connaît aujourd’hui, car elles appartiennent à l’immense galerie des portraits de famille de l’humanité. Un glacis de tristesse voilait ces signes de haute intelligence. Cette tête sublime manquait pourtant d’une qualité distinctive chez les grands hommes. Elle n’avait pas cette animation, qui n’est qu’à eux, qui leur appartient comme leur âme ; cette figure n’avait pas de rayon. Elle était mate. C’était un milieu entre le marbre et la chair. On eût dit qu’elle avait déjà vécu. Des cheveux noirs naturellement bouclés, et cependant moel-