Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/256

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cule de ne pas se battre pour rien. On ne tenta aucun raccommodement. Les pistolets furent chargés et les adversaires placés à cinquante pas de distance, avec la faculté laissée à chacun d’eux de faire dix pas.

L’adversaire du major, le comte de Plenef, tira le premier, et n’atteignit pas ; le major fut plus habile : il logea sa balle dans la poitrine du champion de Mousseline. Quand celui-ci fut par terre, pouvant à peine soulever ses paupières mourantes, car il était mortellement frappé, le major alla vers lui, s’inclina avec un respect ironique et lui dit :

— Mon cher élève, la leçon de philosophie est complète : dans un instant vous saurez ce que devient notre âme séparée du corps. Ne manquez pas, je vous prie, de me faire part de ce que vous aurez appris.

Le major de Morghen se retira. L’honneur était satisfait. L’honneur de qui ? l’honneur de quoi ?