Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/257

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Quoiqu’il en soit, le corps du malheureux jeune homme tué fut à peu près abandonné aux corbeaux et aux chiens. On comprend que ses témoins ne pouvaient pas se compromettre en le faisant transporter. La gendarmerie locale le releva.

Ruiné, sombre, aigri, malade, désespéré, la conscience chargée de la mort d’un pauvre jeune homme qui ne lui avait fait d’autre mal que de prendre sa place si peu enviable auprès de Mousseline, le major de Morghen disparut de Paris, cette belle capitale où il était venu achever son éducation morale, politique et littéraire, et où il avait dépensé trois cent mille francs, laissé quatre cent mille francs de dettes, sa jeunesse, son bon cœur, sa naïveté, sa raison et presque son honneur.

— Mais, monsieur le chevalier, interrompit le marquis de Saint-Luc, quand j’ai connu le major de Morghen, il était loin, je l’avoue, de