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Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/280

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prière fut placé sur la table, près de plusieurs pipes qu’il avait eu le soin de porter avec lui. Pareille nuit n’eût pas semblé agréable à bien des gens, elle eût été impossible à passer pour bien d’autres ; pour le major, ce devait être une nuit d’épouvante, car celui qu’il veillait, il l’avait étranglé, étouffé dans ses mains, et celui-là était son père ! un père bon, qui l’avait aimé, chéri, élevé ! son père enfin !

Le parricide veillait sur le cadavre de son père !

Le jeune major de Morghen refoulait toutes ses terreurs au fond de son âme ; il se raidissait contre le remords ; restait la peur : il était militaire, il n’avait pas peur, il ne pouvait pas avoir peur.

On était à la fin de l’automne, où les nuits sont souvent orageuses. Jusqu’à onze heures et demie, le ciel se maintint assez pur ; la lune dardait sur les petits vitraux de la chambre