Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quel réveil ! poursuivit-il ; vous ne vous y attendiez pas ?

Et le vieux baron cherchait à sortir, par ses propres efforts, du linceul dans lequel il était enfermé. Au milieu de ses mouvements il disait : « Demain, j’irai chez le grand-juge, demain je publierai votre crime, sans exemple dans notre Allemagne ; demain, parricide, vous serez accroupi dans le coin d’un cachot, comme une araignée venimeuse ; après-demain, nu-tête, sur l’échafaud tendu de noir de la place publique. Vous serez ensuite à ma place et l’on n’aura pas besoin de vous veiller, vous ! »

— Grâce ! mon père ! oh ! pardon ! votre pardon ! — Si vous saviez dans quel gouffre profond ma jeunesse a été entraînée ; si vous saviez quelle ivresse s’est emparée de moi, de mes sens, de ma raison dans cette ville où chaque aspiration est un enivrement irrésisti-