Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/61

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qu’Adrianoff engloutit le quatrième verre de champagne de Duportail.

Fabry, qui voulait savoir la fin de l’histoire, en tendant un cinquième verre de vin de Champagne à Adrianoff, impassible comme un fleuve gelé de son pays, Fabry lui dit :

— Mais vous ne nous dites pas, excellent Adrianoff, pourquoi vous n’avez pas encore adopté un enfant, quand la terre en est couverte d’un pôle à l’autre.

— C’est juste, je ne vous l’ai pas dit.

— Nous attendons.

— Jusqu’ici, ceux qu’on m’a offerts ne me plaisaient pas, et ceux qui me plaisaient m’ont été refusés. Certes, j’ai vu de beaux enfants en Allemagne ; mais j’ai remarqué qu’en grandissant les enfants allemands restaient Allemands. Un grand défaut !

— Oh ! oui, Adrianoff, un grand défaut ! d’autant plus qu’il les suit jusqu’à la fin de leur carrière.

— En Italie, j’ai été sur le point d’atteindre mon but. J’avais rencontré un enfant rempli de belles qualités, charmant, accompli, parfait enfin.

— Eh bien, que ne l’avez-vous adopté ?