Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/364

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ne voulait pas chicaner sur les détails, » lui avait présenté les premières notions religieuses « d’un air respectueux et de façon à faire sur son imagination vive de grandes impressions. » À sept ans elle étonnait par la précision de ses réponses le curé de sa paroisse et contribuait à mettre en réputation son petit oncle, chargé dans une chapelle voisine du catéchisme de la confirmation. Peu après, son âme « avait conçu le sublime délire de l’amour de Dieu » ; et bientôt sa vie, plus retirée de jour en jour, lui paraissant encore trop mondaine pour lui permettre de se préparer à sa première communion, elle s’était résolue à entrer au couvent. C’est là, chez les dames de la Congrégation de la rue Neuve-Saint-Étienne, qu’elle contracta avec les demoiselles Cannet des liens d’amitié profonde ; et si cette affection dut être pour quelque chose dans le souvenir qu’elle avait conservé de sa clôture volontaire, ce qui y domine, c’est le sentiment des émotions élevées et tendres dont elle avait joui « pendant cette année de calme et de ravissement. » Eut-elle l’idée de se consacrer à la vie religieuse ? On n’en peut douter après ce qu’elle déclare : la solennité de l’office divin enchantait ses sens ; elle lisait avec avidité l’explication des cérémonies et se pénétrait de leur signification mystique ; elle avait toujours sur sa table, à la portée de sa main, un in-folio de la Vie des saints ; les bonnes vieilles qu’elle rencontrait se recommandaient à ses prières ; elle s’enivrait de ses sacrifices et de ses mortifications, ne trouvant rien de plus doux que les déjeuners où elle mettait de la cendre au lieu de sel sur ses rôties de beurre, par esprit de pénitence ; « son cœur soupirait après les temps où les fureurs du paganisme