Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le roi se plaignait publiquement qu’elle lui eût fait nommer évêque un homme « qui pouvait former dans sa cour un grand parti. » Le reproche fut assez vif pour qu’elle en tombât malade et faillît mourir. Plus tard elle remerciera la Providence « de l’avoir préservée des erreurs de M. de Cambrai. » M. de Cambrai est le seul cependant pour qui elle ait à ce degré franchi les limites de sa circonspection ordinaire ; Racine et Vauban ne devaient connaître ni la même délicatesse ni la même résolution de dévouement.

Il semblait donc naturel qu’avant que l’affaire du quiétisme fût arrivée à cet éclat, et quand, filialement soumis à Bossuet, Fénelon, par le charme de sa parole et la discrétion de ses vertus, jouissait d’une véritable domination spirituelle, il eût été naturel, dis-je, que Mme de Maintenon, le rapprochant d’elle intimement, l’attachât à la conduite de Saint-Cyr. L’abbé Gobelin, son directeur, était vieux, malade, et, depuis qu’elle avait été élevée sur les marches du trône, il l’avait prise en si grande crainte, il la traitait avec tant de respect, qu’elle en était embarrassée, hésitait à lui demander ses conseils, et, lorsqu’il les avait donnés, ne savait qu’en faire. En 1689 elle se préoccupait de le remplacer, et l’on voit dans sa correspondance qu’elle médita longuement son choix. Elle avait en vu : Bourdaloue, Fénelon et Godet des Marais. Comme pour les éprouver, elle leur demanda des instructions, que chacun d’eux lui envoya. Godet des Marais, qui finalement devait avoir la préférence, fut celui qui d’abord plut le moins. « C’était, d’après Saint-Simon, un grand homme de bien, d’honneur, de vertu ; théologien profond,