Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/22

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lisse et longue, ne constitue pas une diversité de races. Le caractère spécifique des peuples est permanent, tant qu’ils vivent isolés ; il s’affoiblit ou disparoît par le mélange. Reconnoît-on la peinture que fait César des Gaulois, dans les habitans actuels de la France ? Depuis que les peuples de notre continent sont, pour ainsi dire, transvasés les uns dans les autres, les caractères nationaux sont presque méconnoissables au physique et au moral. On est moins Français, moins Espagnol, moins Allemand ; on est plus Européen, et ces Européens, ont les uns la chevelure frisée, les autres lisse ; mais si, à cause de cette différence et de quelques autres dans la stature et la conformation, on prétendoit assigner l’étendue et les limites de leurs facultés intellectuelles, n’auroit-on pas le droit d’en rire ? Dira-t-on que la comparaison péche en ce que les chevelures européennes qui sont crépues ne sont pas laineuses ? Au lieu de se prévaloir des exceptions à cette règle, on se borne à demander si cette discrépance suffit pour nier l’identité d’espèce. Il en est de même dans la variété noire ; entre les individus placés aux extrémités de la