Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/233

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une foule de traits, consignés sur les registres des cours de justice, il cite le suivant : Lorsque les capitaines Négriers manquent de provisions, ou que leur cargaison est trop forte, leur usage est de jeter à la mer ceux de leurs Nègres qui sont malades, ou dont la vente promet moins de profit.

En 1780, un capitaine négrier retenu par les vents contraires, sur les côtes américaines, et dans un état de détresse, choisit cent trente-deux de ses esclaves les plus malades, et les fit jeter à la mer, liés deux à deux afin qu’ils ne pussent échapper à la nage. Il espéroit que la compagnie d’assurance le dédommageroit ; dans le procès qu’a occasionné ce crime, il disoit : « Les Nègres ne peuvent être considérés que comme des bêtes de somme, et pour alléger le vaisseau, il est permis de livrer aux flots les effets les moins précieux et les moins lucratifs. »

Quelques-uns de ces malheureux s’étoient échappés des mains de ceux qui les lioient, et s’étoient eux-mêmes précipités, l’un fut sauvé par les cordes que lui tendirent les matelots d’un autre vaisseau ; le barbare