Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/243

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Manger. À L’aspect du cyprès élevé devant sa porte, cette illustre cité, La Haye, élève une voix gémissante. Son épouse chérie se déchire le sein, en couvrant de larmes le cercueil de son bien-aimé ; sa désolation est celle de Noémi, condamnée au veuvage par la mort d’Elimelech. Ses sanglots redoublés invoquent les manes de son époux, et de ses lèvres frémissantes la douleur s’exhale en ces termes :

Tel que le soleil, sous d’épais nuages, dérobe à la terre ses rayons propices, tel à mes yeux tu disparois, ô toi qui faisois mon bonheur, et qui feras à jamais ma gloire. Je ne t’envie pas l’avantage de me précéder dans

    Hujus ut ante domum steterat funesta cypressus,
    Luctisonos gemitus nobilis Haga dedit.
    Hunc lacrymis tinxit gravibus carissima conjux,
    Dum sua tundebat pectora sæpe manu.
    Non aliter Naomi, cum te viduata marito,
    Profudit lacrymas, Elimeleche, tua.
    Sæpe sui manes civit gemebunda mariti,
    Edidit et tales ore tremente sonos :
    Condit ut obscuro vultum velamine Phœbus,
    Tractibus ut terræ lumina grata neget ;
    O decus immortale meum, mea sola voluptas !
    Sic fugis ex oculis in mea damna meis.
    Non equidem invideo, consors, quod te ocyor aura