Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/63

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faut-il s’en rapporter ? Pourquoi leurs regards, leurs souvenirs se tournent-ils sans cesse vers leur patrie ? Pourquoi ces regrets amers d’en être éloignés, et ce dégoût de la vie ? Pourquoi ces élans d’allégresse en assistant aux funérailles de leurs compagnons de misère, que la mort délivre de la servitude, sans que les Blancs puissent y mettre obstacle[1] ? Pourquoi cette tradition consolante parmi eux, que leur bonheur en mourant sera de retourner dans leur terre natale ? Pourquoi ces suicides multipliés afin d’accélérer ce retour ? Il plaît à Bryant-Edwards de nier que cette opinion soit reçue chez les Nègres. En cela il est contredit par la foule des auteurs, entr’autres, par son compatriote Hans Sloane qui, certes, connoissoit bien les colonies[2], et par Othello, écrivain nègre[3].

  1. V. Notes on the West-Indies, etc., by G. Pinckard, 3 vol. in-8o, London, t. I, p. 273, et t. III, p. 67.
  2. A Voyage to the islands of Madera, Barbadoes and Jamaica, by Hans Sloane, 2 vol. in-fol., London 1707, p. 48.
  3. V. Son Essai contre l’esclavage, publié en 1788 à Baltimore.