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Page:Grégoire - Lettre aux philantropes sur les malheurs, les droits et les réclamations des gens de couleur de Saint Domingue et des autres îles françoises de l'Amérique.djvu/7

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étoit favorable aux sang-mêlés, on a si bien manœuvré, que le rapport n’a pas été fait à l’assemblée nationale.

    mité de vérification. La plupart de MM. les colons blancs ne nous ont-ils pas dit et répété, que les gens de couleur avoient le droit d’assister aux assemblées paroissiales, que rien ne les en empêchoit, qu’ils en avoient vu voter à côté d’eux, etc. ? Et cependant tous leurs efforts sont dirigés contre cette demande des gens de couleur ; et malgré l’évidence du sens de l’article 4 de l’instruction sur les colonies, quand les trois départemens de Saint-Domingue se sont concertés pour le plan de convocation de l’assemblée coloniale, ils ont repoussé les sang-mêlés, par l’article 9, que voici textuellement :

    « Ainsi qu’il a toujours été pratiqué, les mulâtres, nègres et autres gens de couleur libres, ne seront point admis à voter dans les assemblées paroissiales, etc. » Conciliez tout cela. Et eris mihi magnus Apollo.

    Les colons blancs qui, dans la liberté, veulent trouver le droit d’enchaîner celle des autres, ont toujours caché aux sang-mêlés les efforts que l’on faisoit à l’assemblée nationale pour soustraire cette classe outragée aux humiliations dont on l’abreuve, à l’opprobre dont on la couvre. La gazette du Port-au-Prince, numéro 19, rendant compte de nos séances, par une réticence, dont le motif n’est pas équivoque, glisse très-légèrement sur ce que je dis à la séance du 3 décembre, quand il fut question de créer un comité colonial ; elle énonce seulement que MM. l’abbé Grégoire, Clermont Lodève et Charles Lameth, ont parlé diversement sur les questions accessoires, et sur la question principale ; et voici le fin mot : c’est que je voulois, qu’avant de décréter l’établissement d’un comité, on jugeât l’admission des citoyens de couleur, dont je peignis la situation affligeante. M. Charles Lameth, grand propriétaire de Saint-Domingue, déclara qu’il préféreroit de tout perdre plutôt que de mécon-