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ROMAN D’UN PÈRE.

mille francs de revenu, — de quoi te donner tout ce que tu voudras. As-tu envie de quelque objet, as-tu une fantaisie ? J’avais oublie de te dire que tu peux puiser sans compter dans ce meuble-là.

J’indiquai mon secrétaire. Elle suivit mon regard.

— Pourrais-tu me prêter dix mille francs ? dit-elle d’un ton timide.

— Dix mille francs ! répétai-je stupéfait. Que veux-tu faire de dix mille francs ?

Elle baissait toujours la tête et jouait avec la frange de sa robe.

— As-tu des dettes ? demandai-je avec autant d’indulgence qu’il me fut possible.

— Des dettes ? Moi ? fit-elle en riant d’un rire forcé. Pourquoi pas ? Supposons que j’aie des dettes. Refuserais-tu de les payer ?

— Non, certes ! À qui dois-tu ? À ta couturière ? À ta modiste ?

— Non, dit Suzanne, je ne puis pas mentir comme cela. C’est M. de Lincy qui en a besoin. Il a perdu au jeu.

— Dix mille francs ! qu’il ne peut pas trouver ailleurs que chez moi ? Et il ne veut pas me les demander lui-même ?