Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/13

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la tempête jetait sur leur territoire, ils les soumirent néanmoins à des lois d’exception et les opprimèrent presque à l’égal des esclaves. Cette inhumanité envers l’étranger a persisté, — à la honte des peuples, — même après la chute du vieux monde. La mansuétude pour les esclaves, et même le premier signal de leur émancipation, c’est au peuple israélite qu’en appartient l’honneur.

La sanctification de soi-même, la chasteté, était encore moins connue des peuples anciens. Ils étaient plongés dans la débauche et dans les dérèglements de la chair. Assez souvent et assez énergiquement, lorsque ces peuples étaient encore à l’apogée de leur puissance, les poètes sibyllins juifs les avaient avertis que par leurs péchés contre nature, par leur manque d’entrailles, par leur absurde doctrine théologique et la morale qui en découlait, ils couraient à une ruine certaine. Dédaigneux de ces exhortations, les peuples continuèrent à s’affaiblir eux-mêmes, et ils périrent. Leurs arts et leur sagesse ne purent les sauver de la mort. C’est donc le peuple israélite, et lui seul, qui a apporté la délivrance en proclamant la sanctification de soi-même, l’égalité de tous les hommes, un même droit pour l’étranger et l’indigène, enfin ce qu’on nomme l’humanité. Il n’est pas superflu de rappeler que cette pierre angulaire de la civilisation : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est ce peuple qui l’a posée. Qui a relevé le pauvre de la poussière, tendu aux chétifs et aux délaissés une main secourable ? Le peuple israélite. Qui a fait de la paix perpétuelle le saint idéal de l’avenir, en déclarant que les nations ne tireront plus l’épée l’une contre l’autre, que l’on ne cultivera plus l’art de la guerre ? Les prophètes d’Israël. On a appelé ce peuple un mystère ambulant ; c’est une révélation vivante qu’il faudrait l’appeler ! Car il a révélé le secret de la vie, il a enseigné la science des sciences, — à savoir, comment un peuple peut se préserver de la mort.

Il n’est pas exact que ce peuple ait inventé le renoncement, la mortification, l’assombrissement de l’existence ; qu’il ait jeté un voile de deuil sur les joies de la vie et préparé les voies à l’ascétisme monacal. C’est le contraire qui est vrai. Tous les peuples de l’antiquité, à l’exception des Israélites, ont attaché à la mort une importance capitale, ont offert des sacrifices funéraires