Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/137

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c’était la colline de Moria, au nord-est de la ville, où David, après la disparition de la peste, avait dressé un autel. L’argent et l’or étaient prêts également ; mais les matériaux, les pierres et le bois de cèdre, il fallait se les procurer. Les pierres, sans doute, abondaient aux environs de Jérusalem ; mais non les blocs réguliers, les pierres de taille propres à la construction, et qu’il fallait extraire des carrières. Les pierres destinées aux murs furent taillées, sur les bords, de manière à pouvoir s’encastrer et s’adapter exactement entre elles. Mais d’où venaient les nombreux travailleurs dont on avait besoin pour les pénibles opérations de la taille, de l’ajustage et du transport de ces matériaux ? Salomon avait appris de son beau-père, Pharaon Psusennès, comment on peut se procurer à peu de frais des ouvriers. Dans le pays d’Israël vivaient encore des débris de l’ancienne population cananéenne. Saül avait bien commencé à en réduire le nombre, mais ses démêlés avec David l’avaient empêché de poursuivre énergiquement son œuvre. David les avait laissés tranquilles, parce qu’ils vivaient en paix avec les Israélites et lui étaient utiles à lui-même dans ses guerres contre les Philistins et d’autres ennemis. Plus les Israélites devinrent puissants, moins le voisinage de cette population indigène pouvait leur nuire. Or, à tout ce qui restait d’Amorréens, de Héthéens, de Hivéens, même aux Jébuséens, autorisés par David à demeurer près de Jérusalem, Salomon imposa d’un coup un quasi-esclavage et les contraignit à des corvées. Ensemble, ils comptaient encore cent cinquante mille jeunes gens et hommes valides, qui formèrent la population ouvrière. Plus de trois mille surveillants israélites maintenaient dans l’obéissance ces indigènes condamnés à la servitude ; un préposé supérieur, Adoniram, inspectait et les ouvriers et les surveillants eux-mêmes. Quatre-vingt mille de ces malheureux étaient occupés jour et nuit à extraire des carrières des blocs énormes, à les équarrir, à les polir, à les ajuster, à la lueur des lampes et sous la direction de maîtres habiles venus de Biblos (Ghiblim). Soixante-dix mille esclaves tiraient les lourdes pierres de l’orifice et les transportaient sur le chantier.

Les bois de cèdre et de cyprès pour la charpente furent fournis par Hiram, roi de Tyr, ami de Salomon, et qui mit à sa disposition