Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/22

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tout, dans la connaissance épurée d’un Dieu unique, essentiellement distinct des déités que les peuples d’alors révéraient sous forme d’images et de simulacres absurdes. Cette saine connaissance de Dieu devait avoir pour conséquence la pratique du droit et de la justice en tout et envers tous, contrastant avec l’injustice qui régnait généralement dans le monde. Cette morale, c’est Dieu même qui la demandait ; elle constituait la voie de Dieu que tout homme doit suivre. Cette notion de Dieu et cette morale devaient être pour eux une doctrine héréditaire et comme le legs de famille de leurs patriarches. Ces derniers avaient d’ailleurs reçu l’assurance que, par l’entremise de leurs descendants, fidèles gardiens de leur doctrine, tous les peuples de la terre seraient bénis et participeraient à cette morale. C’est à cet effet, pensaient-ils, que le pays de Canaan leur avait été promis, comme étant particulièrement favorable au développement de la doctrine héréditaire.

Aussi les Israélites, même en pays étranger, soupirèrent-ils sans cesse après cette terre bénie, vers laquelle se tournaient obstinément leurs regards. Les aïeux leur avaient inculqué la ferme espérance que, lors même qu’ils vivraient pendant plusieurs générations sur une terre étrangère, ils rentreraient un jour infailliblement dans le pays où reposaient leurs patriarches, où ils avaient élevé des autels. À cette espérance, qui s’était comme identifiée à leur être, s’associait la conviction, non moins intime, qu’en retour de la possession de ce pays ils avaient à remplir une obligation, celle d’adorer uniquement le Dieu de leurs pères et de marcher constamment dans le sentier de la droiture.

L’évolution par laquelle la famille d’Israël devint un peuple s’est accomplie dans des circonstances peu ordinaires, et les commencements de ce peuple ne ressemblent à ceux d’aucun autre. Il naquit dans un milieu étranger, dans la province de Gessen, située tout au nord de l’Égypte et confinant à la Palestine. Ce n’était pas encore un peuple, mais une agglomération de douze tribus de pâtres assez peu cohérentes. Bien qu’ils ne se confondissent pas avec les Égyptiens indigènes, que ceux-ci eussent même de l’antipathie pour les bergers, — peut-être au souvenir des bergers (Hycsos ?) qui les avaient opprimés jadis, — certains contacts, certaines relations étaient cependant inévitables. Des membres ou des