Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/23

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fractions de tribus renoncèrent à la vie pastorale, s’adonnèrent à l’agriculture ou à l’industrie, et entrèrent ainsi en rapport avec les habitants des villes. Ce rapprochement eut, en un sens, des résultats avantageux pour les Israélites.

Les Égyptiens avaient alors derrière eux une histoire dix fois séculaire et avaient atteint déjà un haut degré de civilisation. Leurs rois ou pharaons avaient fondé des cités populeuses et élevé de gigantesques bâtisses, temples, pyramides et monuments tumulaires. Leurs prêtres avaient perfectionné certains arts et procédés dont la nature particulière du pays nécessitait l’emploi. L’écriture, cet art si important pour l’humanité, avait aussi été inventée et perfectionnée par les prêtres égyptiens, d’abord sur la pierre et le métal pour perpétuer le souvenir et la gloire des rois, plus tard sur l’écorce du papyrus ; d’abord à l’aide de figures grossières, plus tard au moyen de caractères ingénieux.

Les Israélites, à Gessen, paraissent s’être approprié bon nombre de ces procédés, de ces arts et de ces connaissances ; particulièrement la tribu de Lévi, dépourvue de moyens, sans possessions, sans troupeaux à élever, semble avoir emprunté aux prêtres d’Égypte l’art de l’écriture. Aussi considérait-on cette tribu comme plus cultivée que les autres, comme une classe sacerdotale ; et, déjà en Égypte, les Lévites devaient à ce caractère de prêtres une situation privilégiée. A ce point de vue, le séjour des Israélites en Égypte a été de grande conséquence. Il a élevé ce peuple, ou du moins une partie de ce peuple, de l’état inférieur de la vie de nature au premier échelon de la civilisation. Mais ce qu’ils ont gagné d’un côté ils l’ont perdu de l’autre, et il s’en est peu fallu que, comme les Égyptiens et en dépit de leur savante culture, ils ne tombassent dans un état pire encore, dans celui de l’abrutissement artificiel.

Il n’est point de peuple, ayant franchi la phase élémentaire du fétichisme, chez qui l’idolâtrie ait affecté une forme aussi repoussante et exercé sur les mœurs une aussi triste influence que chez le peuple égyptien. En combinant et amalgamant les différentes idolâtries locales, il avait édifié tout un système de polythéisme. A coté de leurs dieux, les Égyptiens avaient naturellement aussi des déesses. Mais ce qu’il y avait surtout de honteux