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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/267

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CHAPITRE XI


L'EXIL EN BABYLONIE


Fut-ce hasard ou volonté réfléchie ? Les Judéens exilés à Babylone se virent traiter avec une grande aménité. Le hasard, au surplus, existe-t-il dans l’histoire des peuples et dans l’enchaînement des faits ? Peut-on sérieusement prétendre que les rapports et les situations des hommes eussent pris une autre forme, si telle ou telle circonstance eût, par cas fortuit, tourné différemment ? Quoi qu’il en soit, la clémence de Nabuchodonosor fut un événement de haute importance pour la suite de l’histoire de Juda. C’est à elle principalement que cette poignée de bannis, épave de tout un peuple, dut sa conservation et son entretien. Nabuchodonosor ne ressemblait point à ces conquérants sauvages qui ne se plaisent qu’à détruire et, ne cherchent qu’à satisfaire leurs instincts de cruauté ; il avait tout autant à cœur de bâtir et de créer que de faire des conquêtes, et voulait que l’empire qu’il avait fondé fût populeux et prospère. Il agrandit Babylone, et, pour qu’elle surpassât Ninive détruite, y éleva, sur la rive orientale de l’Euphrate, un nouveau quartier, qu’il peupla de tribus et de nations prisonnières. Nombre de captifs judéens reçurent ainsi des habitations dans sa capitale, et ceux qui s’étaient volontairement ralliés à lui furent sans doute l’objet d’égards particuliers. La bonté de Nabuchodonosor alla jusqu’à permettre à des familles, à des populations entières de demeurer ensemble, avec leurs gens et leurs esclaves, et de conserver ainsi leurs rapports antérieurs. Ces bannis vécurent en hommes libres, leurs droits et leurs habitudes domestiques restèrent intacts. Les familles immigrées de Jérusalem, princes de la race royale, descendants de Joab ou maison de Pachat-Moab, et d’autres encore, formèrent