Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/268

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des agglomérations spéciales et purent même se gouverner selon leurs traditions respectives. Il n’y eut pas jusqu’aux anciens esclaves du temple (Nethinim) et de l’État qui avaient suivi leurs maîtres dans l’exil, qui n’eussent leurs groupes distincts où ils vivaient entre eux.

Les exilés reçurent très probablement des terres en compensation de celles que leur avait fait perdre leur émigration ; ils les cultivèrent eux-mêmes ou bien les firent cultiver par leurs gens. Ils possédaient des esclaves, des chevaux, des mulets, des chameaux et des ânes, et, à part l’obéissance qu’ils devaient au roi, n’étaient guère assujettis qu’à une contribution foncière, peut-être aussi à un impôt personnel. Selon toute apparence, ils entretinrent les uns avec les autres des relations d’autant plus étroites que, comme tous les bannis, ils ne renonçaient pas à l’espoir de quelque événement heureux qui les ramènerait dans leur patrie. Une autre circonstance qui les servit, ce fut que l’idiome dominant en Chaldée était l’araméen, langue jumelle de l’hébreu, qu’ils eurent bientôt apprise et qui leur permit d’entrer en commerce avec la population indigène. Leur condition devint encore plus favorable à la mort de Nabuchodonosor (561). Le fils de ce monarque, Évil-Mérodach, différait absolument de son pire, dont il n’avait ni le courage militaire ni le génie politique. Il semble que, parmi les jeunes gens employés à sa cour, il y en eut aussi de judéens, principalement de la race de David, et qui remplirent l’office d’eunuques. Que de fois n’a-t-on pas vu ces gardiens du harem, serviteurs des caprices de leurs tyrans, s’élever du rang d’esclaves à la situation de maîtres de leurs maîtres ! Évil-Mérodach parait avoir été sous l’influence d’un de ces favoris, qui le disposa sans doute en faveur du roi Jéchonias, toujours emprisonné. En effet, dès la première année de son règne, on lui vit témoigner à ce prince une bienveillance singulière : il le délivra d’une captivité qui durait depuis trente-sept ans, se montra plein d’affabilité à son égard, et, non content de lui donner des vêtements royaux, l’admit à sa table et pourvut largement à tous ses besoins. Les jours où le roi de Babylone tenait cour avec un redoublement de faste et réunissait autour de lui les grands du royaume, il faisait dresser