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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/28

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des siècles, dans le cours de l’histoire israélite, ont surgi des hommes purs et sans tache, dont la vue a plongé dans l’avenir, qui ont reçu et transmis des révélations sur Dieu et sur la sanctification de la vie. C’est là un fait historique, un fait qui défie toute critique. Toute une série de prophètes ont annoncé les destinées futures d’Israël et d’autres peuples, et l’événement a justifié leurs prédictions. Tous ont placé bien au-dessus d’eux le fils d’Amram, — le premier qui fut honoré d’une révélation, — parce que ses prophéties furent de toutes les plus claires, les plus conscientes et les plus certaines. Tous ont reconnu Moïse, non seulement comme le premier des prophètes, mais comme le plus grand. Leur inspiration à eux n’était, à leurs propres yeux, qu’un reflet de la sienne. Si jamais âme d’un mortel a possédé la lucide intuition du prophète, c’est assurément l’âme pure, désintéressée, sublime, de Moïse.

Dans le désert de Sinaï, raconte le texte primitif, il fut honoré d’une mystérieuse vision, qui le remua dans tout son être. Partagé entre le saisissement et l’exaltation, plein d’humilité et de confiance à la fois, Moïse, après cette vision, retourna à son troupeau et à son foyer. Il était devenu un autre homme ; il se sentait poussé par l’esprit divin à délivrer ses frères de la servitude et à les initier à une vie supérieure.

Aaron aussi, qui était demeuré en Égypte, y avait reçu, dans une révélation, l’ordre de se diriger vers le mont Horeb et de se préparer, de concert avec son frire, à l’œuvre de la délivrance Or il leur semblait moins difficile encore de disposer Pharaon à la bienveillance que de faire accepter, à un peuple dégradé par l’esclavage, l’idée de son affranchissement ; mais, bien qu’ils s’attendissent à rencontrer maint obstacle et une résistance opiniâtre, les deux frères se mirent vaillamment à l’œuvre, pleins de confiance dans la protection divine.

Tout d’abord ils s’adressèrent aux représentants des familles et des tribus, aux Anciens du peuple, et leur déclarèrent avoir appris par révélation que Dieu, prenant en pitié la misère des Israélites, avait promis de les délivrer et voulait les ramener au pays de leurs pères. Les Anciens accueillirent avec empressement cette bonne nouvelle ; mais la masse, accoutumée à l’esclavage, n’y prêta