Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/288

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autres, par la douceur et la réprimande, à de meilleurs sentiments :

Reconnaissez, criait-il à ces derniers, reconnaissez donc aux signes du temps que la grâce de Dieu est proche, et il les pressait d’en profiter pour abandonner leurs voies et leurs pensées impies. A mesure qu’il approchait de sa péroraison, son langage devenait plus acerbe pour les mondains, les indifférents, les égoïstes, impuissants à secouer le joug de l’idolâtrie et des vices de l’idolâtrie. Il termina en dépeignant la délivrance et le retour, et prophétisa que tous les dispersés de Juda et d’Israël seraient rassemblés autour de la montagne sainte de Jérusalem. Et alors, de mois en mois, de sabbat en sabbat, toute créature viendra se prosterner à Jérusalem pour invoquer le Dieu d’Israël ; mais les méchants dont elle verra la punition seront pour elle un objet d’horreur.

L’issue de la guerre était attendue avec moins d’anxiété peut-être par le roi Nabonad et son peuple que par la communauté judéenne. Celle-ci sentait se succéder dans son cœur tantôt de vastes espérances, tantôt des angoisses auxquelles se liait, dans sa pensée, l’existence ou la fin de la race de Juda. Les Babyloniens au contraire, envisageaient avec une certaine indifférence les préparatifs de Cyrus. Au moment où ils s’y attendaient le moins, l’armée perse parut sous leurs murs, une nuit elle détourna les eaux de l’Euphrate qui traversait la ville, et pénétra dans Babylone par le lit du fleuve desséché, pendant que les habitants, plongés dans l’ivresse d’une fête, se livraient aux débauches et aux danses. Quand le jour parut, la capitale était remplie d’ennemis et toute résistance inutile. La pécheresse Babylone succomba de la sorte (538), après deux années de guerre, exactement comme l’avaient prédit les prophètes judéens, à cette différence toutefois que les châtiments également annoncés à son peuple et à son roi leur furent épargnés par la clémence de Cyrus. La hideuse idolâtrie chaldéenne tomba le même jour et fit place à la religion relativement pure des vainqueurs, car les Perses et les Mèdes ne comptaient que deux ou trois dieux, avaient en horreur le culte babylonien et vraisemblablement en détruisirent les objets.

La chute de Babylone guérit à tout jamais les Judéens de l’erreur idolâtre. N’avaient-ils pas de leurs propres yeux vu des divinités,