Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/289

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la veille encore hautement vénérées, choir dans la poussière, Bel tomber à genoux, Nébo se prosterner et Mérodach s’affaisser ? Cette révolution acheva de les changer ; leur cœur de pierre fut amolli ; tous, sans exception aucune, même les mondains et les pécheurs, s’attachèrent depuis lors à leur Dieu. Ils abjurèrent leur malveillance envers les humbles, les affligés de Sion, ne les traitèrent plus qu’avec respect et les mirent à la tète de la communauté.

Cependant les pieux et les patriotes s’employaient sans perdre de temps à réaliser la délivrance et le retour promis par les prophètes. Parmi les dignitaires de Nabonad qui rendirent hommage au conquérant, désormais roi de Babylone — il data de la prise de cette ville la première année de son règne (538), — se trouvaient des eunuques issus de la race royale de Juda et dévoués à la loi d’Israël. Ces officiers du palais, ou bien les Chaldéens notables qui avaient embrassé la religion judéenne, firent aussitôt, — probablement de concert avec Zorobabel (Zerubabel), petit-fils de Jéchonias, — des démarches auprès de Cyrus, pour obtenir l’affranchissement de leurs coreligionnaires et, en premier lieu, la liberté des Judéens enfermés pour l’excès de leur piété. Cyrus leur accorda plus encore[8] : il permit aux exilés de retourner dans leur patrie, de rebâtir Jérusalem et de restaurer le temple. Maître de Babylone, il l’était naturellement de toutes les conquêtes de Nabuchodonosor et, par suite, du royaume de Juda. Quels purent être les motifs invoqués par les solliciteurs à l’appui d’une demande en apparence aussi téméraire que celle d’octroyer une sorte d’indépendance politique aux Judéens ? Et quels furent les mobiles qui amenèrent Cyrus à y consentir ? Un des eunuques Judéens a-t-il vraiment, comme on le raconta plus tard, informé le vainqueur perse qu’un prophète de la captivité avait prédit ses victoires et annoncé qu’il permettrait au peuple exilé de rentrer dans sa patrie ! Quoi qu’il en soit, on vit Cyrus, dès le lendemain de la prise de Babylone, faire publier par hérauts et par lettres royales, dans toute l’étendue de son empire, un édit prescrivant que tous les Judéens fussent libres de retourner à Jérusalem et d’y élever un sanctuaire ; ceux qui resteraient étaient autorisés à les munir d’or et d’argent, ainsi que de bêtes de somme ; enfin son trésorier Mithradate