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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/37

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familles. Ces soixante-dix Anciens, qui servirent de modèle à des institutions ultérieures, devaient lui alléger le fardeau des affaires publiques, prendre part au conseil et à l’exécution dans toutes les occurrences importantes. En outre, il institua des juges supérieurs et subalternes, préposés respectivement à mille, à cent, à dix familles. Il confia leur élection au peuple, qui devait choisir lui-même les plus dignes et les lui proposer. Il enjoignit à ces juges de prononcer avec justice, non seulement entre leurs coreligionnaires, mais entre Israélites et étrangers. Ils étaient tenus de ne faire acception de personne, d’être équitables aux petits comme aux grands, inaccessibles à la corruption et à la crainte, animés, en un mot, du seul désir de bien juger : car la justice est à Dieu, il en est la source, il en surveille l’exercice.

Amour du prochain, fraternité, égalité, douceur et justice, tel fut l’idéal que Moïse proposa à la jeune génération élevée par lui, et qu’elle devait aspirer à réaliser un jour. Ce fut un beau temps que celui où de telles lois et de telles doctrines furent infusées à un peuple comme l’âme même de son existence ! La jeunesse de ce peuple était comme transfigurée par un glorieux idéal. C’étaient les épousailles de la vierge d’Israël s’unissant à son Dieu, et le suivant avec amour à travers une aride solitude !

Enfin, ces pérégrinations étaient arrivées à leur terme. L’ancienne génération était morte, et la nouvelle, plus docile et plus vaillante, semblait mûre pour le but assigné. Un certain nombre d’Israélites de la tribu de Juda, aidés de ceux de Siméon, pénétrèrent, paraît-il, dans la Palestine par le sud, y prirent plusieurs villes et s’y établirent. Les autres tribus devaient faire un détour et entrer dans le pays par l’est. Ce détour pouvait être évité si les Iduméens, qui habitaient les hauteurs de la chaîne du Séir, leur eussent permis de traverser leur territoire. Mais ceux-ci, craignant sans doute d’être dépossédés par ce peuple en quête d’un établissement, s’avancèrent en armes pour leur défendre le passage. Les tribus furent donc obligées de faire un long circuit, de tourner l’Idumée en longeant le Séir à l’est, et de s’approcher du pays de Canaan par la rive orientale du Jourdain.

Or Sichon, roi des Amorréens, occupait cette contrée. Moïse lui envoya des messagers de paix, lui demandant la permission, pour