Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/51

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faire mouvoir des moulins, tout en fertilisant la terre. Le canton des enfants de Joseph était particulièrement béni de Dieu

Des bénédictions du ciel, en haut,
Et de celles de la terre, dans la profondeur ;
Des fruits que mûrit le soleil,
Et de ceux que développe l’action de la lune.

De riants jardins et des vignes aux grappes rebondies couvraient jadis le flanc des montagnes, couronnées de forêts ombreuses, notamment de térébinthes, de chênes et d’ifs, qui, à leur tour, entretenaient la fertilité dans les vallées. Sur certains points se dressaient des palmiers à la tige élancée, qui prodiguaient des fruits exquis et souvent versaient leur suc sur le sol. La fertilité diminue seulement vers le sud, où règnent surtout des collines calcaires et nues, et où les bas-fonds deviennent rares. Là encore, cependant, les troupeaux trouvaient des pâturages ; mais dans l’extrême sud, au midi d’Hébron, la campagne n’offre qu’un aspect triste et sauvage.

Grâce à ses montagnes et aux courants d’air pur qui affluent sans cesse des hauteurs et de la mer, le climat du pays est sain et la population robuste. On n’y voit point de ces marais putrides qui empoisonnent l’atmosphère. Les maladies sont rares, si elles ne sont amenées par quelque lésion extérieure ; rares également les épidémies, qui aujourd’hui encore n’y sévissent qu’importées du dehors.

Mais ce pays était encore plus nourrissant et plus vivifiant pour l’âme. Il est bien petit sans doute, comparé aux vastes régions de l’ancien monde. De certains points, de certains sommets au milieu du pays, le regard peut embrasser à la fois la frontière de l’orient et celle du couchant ; les flots de la Méditerranée d’un côté, de l’autre la nappe de la mer Morte, le Jourdain et les monts de Galaad. Du haut de l’Hermon, la perspective est encore plus étendue. Mais combien cette perspective élève l’âme ! De bien des points, l’œil peut contempler les aspects les plus ravissants, les plus sublimes. L’atmosphère est, presque toute l’année, si pure et si transparente, qu’elle agit en quelque sorte à la façon