Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/61

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sanctuaire, qui avait commencé sous Héli à devenir un centre de ralliement, semble avoir rompu toute relation entre les tribus, notamment avec celles du nord.

En s’emparant de l’arche d’alliance, réputée le palladium des Israélites, et en détruisant le sanctuaire, les Philistins s’imaginaient avoir, par cela même, vaincu le Dieu tutélaire de ce peuple. Ils furent bientôt désabusés à leurs dépens. L’arche ne fut pas plus tôt amenée dans la ville voisine, Asdod, que toutes sortes de plaies vinrent accabler le pays. Consternés, les princes philistins résolurent, d’après le conseil des prêtres et des magiciens, de renvoyer l’arche, avec des offrandes expiatoires, au lieu où ils l’avaient prise. Elle n’était restée que sept mois au pouvoir des Philistins. Sortie de leur territoire, elle trouva un abri dans la ville forestière (Kiryat-Yearim), sur une colline, où elle resta sous la garde des Lévites qui y résidaient. Mais elle fit si peu faute au peuple, qu’il s’écoula plusieurs dizaines d’années avant qu’on se ressouvint d’elle. Si par leur contenu, ni par leur haute antiquité, les tables de la Loi n’avaient grande valeur aux yeux d’une population dégénérée. Toutefois, les malheurs mêmes du sanctuaire de Silo, son abandon et sa ruine, avaient provoqué dans les esprits une réaction salutaire. Ceux qui avaient conservé un peu de sens moral durent reconnaître, après tout, que le désarroi religieux et politique de la nation avait causé tous ses maux. Les Lévites qui avaient échappé au désastre de Silo et s’étaient disséminés sur différents points, ne pouvaient guère manquer de réveiller dans les consciences le respect de l’antique doctrine. Peut-être aussi le retour de l’arche avait-il exercé une influence directe sur les âmes et fait naître l’espérance d’un avenir meilleur. L’élan qui portait le peuple vers le Dieu d’Israël s’étendait de proche en proche. Il ne manquait plus qu’un homme sérieux, plein de résolution et de zèle, capable de montrer le bon chemin au peuple aveuglé, pour relever ces esprits affaissés par un long deuil. Et l’homme surgit à point nommé, qui devais donner une face nouvelle à l’histoire israélite.

Cet homme providentiel fut Samuel, fils d’Elkana ; ce fut lui qui reforma le faisceau, depuis longtemps désagrégé, de la communion