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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/63

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mûrit dans son intelligence, et il la proclama plus tard en temps et lieu : à savoir, que les sacrifices n’ont qu’une valeur secondaire, et que ce n’est pas la graisse des béliers qui procure la bienveillance divine. En quoi donc doit consister l’adoration de Dieu ? Dans la stricte obéissance à ce que Dieu commande. Mais cette volonté de Dieu, quelle est-elle ? Pendant son séjour à Silo, Samuel ne s’était pas initié seulement au contenu des tables de pierre conservées dans l’arche, mais encore à celui du livre de la Loi légué par Moise. Sa pensée s’était nourrie de ce livre. Dans ces saintes archives étaient recommandés, comme préceptes divins, le droit et la justice, la charité, l’égalité de tous sans distinction de classes ni privilège de castes ; rien des sacrifices, ou du moins peu de chose. Samuel, de beaucoup plus rapproché du berceau d’Israël et de sa doctrine que les derniers prophètes, était convaincu comme eux que Dieu n’avait pas simplement affranchi les Israélites pour qu’ils sacrifiassent à lui seul et à nul autre, mais pour qu’ils fissent de ses lois une vérité. Le contenu de ces archives, ou la LOI, c’était la volonté de Dieu, volonté à laquelle les Israélites devaient docilement se soumettre. Cette loi devint une vivante réalité dans la conscience de Samuel ; il en fut l’organe et l’interprète, il l’inculqua au peuple comme règle de conduite.

Désormais, la mission de Samuel était trouvée : initier le peuple à la sainte doctrine, le corriger des vices et des erreurs idolâtres qu’une habitude invétérée avait transformés en seconde nature. Son principal moyen pour obtenir ce grand résultat fut le puissant verbe du prophète. Samuel était doué d’une éloquence pénétrante. Exalté lui-même par ses visions prophétiques, il les communiquait à ses auditeurs, et il commença sans doute par Rama, sa ville natale. Ces révélations extraordinaires, qui dépassaient le cercle étroit de la vie commune, il paraît les avoir exprimées sous forme de vers, caractérisés par le parallélisme des membres, par l’emploi d’images et de similitudes poétiques...

Quand Samuel revint à la maison paternelle, sa renommée l’y avait devancé : on savait qu’à plusieurs reprises, à Silo, il avait été honoré de révélations prophétiques, et que sa parole s’était toujours accomplie. Bientôt le bruit se répandit aux environs de Rama, puis, de proche en proche, se propagea au loin, qu’un