Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/64

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prophète avait surgi en Israël, que cet esprit divin qui avait inspiré Moïse reposait maintenant sur le fils d’Elkana. Dans le long espace de siècles qui sépare ces deux hommes, il n’y a pas eu de prophète, au sens vrai du mot. Cette pensée, que Dieu venait de susciter un second Moïse, enflamma les cœurs de l’espérance de voir luire prochainement de meilleurs jours.

La première préoccupation de Samuel fut de déshabituer son peuple du culte impur de Baal et d’Astarté, et de le guérir de sa crédulité à l’endroit des oracles. Les tendances d’une partie du peuple à s’éloigner des anciens errements et à se rapprocher du Dieu d’Israël vinrent en aide à ses efforts. Ses discours entraînants, où dominait surtout cette idée que les dieux des païens étaient de vains fantômes, incapables de secourir, que c’était folie et crime tout à la fois de consulter des oracles trompeurs et d’ajouter foi aux jongleries des devins, enfin que Dieu n’abandonnerait jamais son peuple, ces discours trouvaient un écho de plus en plus puissant dans le cœur de ceux qui les entendaient ou qui en avaient ouï parler. Samuel n’attendait pas les auditeurs, il les cherchait, il allait au-devant d’eux. Il faisait des tournées dans le pays, organisait des assemblées populaires et révélait à la foule ce que l’esprit de Dieu lui avait inspiré. Et les Israélites, échauffés par le feu de sa parole, s’éveillaient de la torpeur où les avait plongés l’adversité, reprenaient confiance en leur Dieu et en eux-mêmes, et entraient dans la voie de la résipiscence. Ils avaient trouvé l’homme qu’il leur fallait, celui qui, en ces temps calamiteux, pouvait le mieux les guider. Toutefois, Samuel n’était pas isolé, et il n’aurait pu, à lui seul, opérer cette heureuse transformation. Il avait à sa disposition un corps d’auxiliaires sur lesquels il pouvait compter. Les Lévites, d’abord établis à Silo, s’étaient débandés après la destruction de cette ville et du sanctuaire, et avaient en quelque sorte perdu pied. Accoutumés à se grouper autour de l’autel et à servir dans le tabernacle, étrangers à toute autre besogne, que pouvaient-ils essayer dans leur isolement ? Un nouveau centre de culte n’existait pas encore, vers lequel ils pussent se porter. Un certain nombre de Lévites se rallièrent donc autour de Samuel, dont ils avaient apprécié la supériorité à Silo, et il sut les utiliser pour