Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/66

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Judée que la simplicité patriarcale semble avoir persisté le plus longtemps.

A la vérité, sans l’énergique et imposante personnalité de Samuel, le relèvement politique et religieux n’eût guère pu s’accomplir. Le fils d’Elkana, sans être un héros, était néanmoins considéré comme la forte colonne sur laquelle s’appuyaient les deux maisons de Jacob et d’Israël. Secondé par le corps prophétique des Lévites, Samuel soutint son rôle actif durant plusieurs années, avec ardeur et résolution. Le peuple voyait en lui un chef, et il le conduisit en effet à la victoire par la puissance de l’inspiration. Celle qu’il lui fit remporter près du lieu même où, bien des années auparavant, les Philistins avaient écrasé l’armée israélite et capturé l’arche d’alliance, eut des conséquences sérieuses et durables : elle releva le courage des Israélites et abattit celui des Philistins.

Pendant une dizaine d’années environ, le peuple doit avoir goûté de nouveau les charmes de la paix, et Samuel prit à tâche d’empêcher que les avantages nés du malheur ne fussent détruits par la prospérité. Maintenir la cohésion des tribus, qui avait fait leur force, fut sans doute le principal objet de ses efforts. Tous les ans, il convoquait les Anciens du peuple, leur exposait leurs devoirs, leur rappelait les infortunes que le peuple s’était attirées par L’oubli de son Dieu, par la fréquentation des idolâtres, par l’imitation de leurs mœurs, et les mettait en garde contre le danger des rechutes. — Grâce à lui, un élément nouveau entra dans le culte israélite : la louange chantée, le psaume. Samuel lui-même, ancêtre des renommés psalmistes qui s’appelaient les fils de Coré, a, sans aucun doute, composé d’abord des cantiques pour le service divin. Son petit-fils Héman avait, dans la génération suivante, avec Asaph et Yedouthoun, la réputation de poète sacré et d’habile musicien. Ces deux aimables sœurs, qui se complètent si bien en s’unissant, — la poésie et la musique, — furent mises par Samuel au service de la religion ; le culte y gagna de la grandeur et de la solennité, et son action sur les cœurs en devint plus puissante et plus durable.

L’introduction des chœurs lévitiques et du chant des psaumes amoindrit naturellement l’importance des sacrifices. Les prêtres,