Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/145

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Ir ha-Tsédek). Cette dénomination provenait d’une interprétation forcée d’un verset du prophète Isaïe (XIX, 18) : En ce jour, il y aura cinq villes dans le pays d’Égypte qui reconnaîtront le Dieu d’Israël, et l’une d’entre elles sera appelée Ir ha-Hérés. Au lieu de ha-Hérès, on lisait ha-Tsédek. A une époque moins troublée, où la susceptibilité eût été de mise, on n’aurait pas manqué en Judée de mettre en interdit le temple d’Onias, comme on l’avait fait pour celui du Garizim, et d’exclure ses adhérents de la communauté judaïque, comme on avait exclu les Samaritains. Mais lorsque les premières nouvelles de la construction du temple judéo-égyptien arrivèrent en Palestine, l’état du pays et du temple était encore si fâcheux qu’on ne pouvait guère condamner un fait accompli arec l’intention la plus louable. En outre, le fondateur du nouveau sanctuaire ne descendait-il pas, par une suite non interrompue d’ancêtres, des grands prêtres légitimes ? Plus tard, quand les grands prêtres hasmonéens eurent rétabli le culte pur, on vit sans doute avec peine, en Judée, un temple se dressant sur une terre étrangère ; mais le temple d’Onias comptait alors de longues années d’existence, et il n’était plus temps de le condamner. Cependant les hommes pieux ne pouvaient réprimer un certain malaise à l’idée que l’existence du temple d’Héliopolis constituait une violation de la Loi. Les mesures prises plus tard à l’égard de ce sanctuaire procédaient précisément de ces sentiments contradictoires, c’est-à-dire du respect qu’on lui témoignait, parce qu’il avait été érigé dans des circonstances critiques, et de la répugnance qu’il inspirait, à cause de l’irrégularité de sa situation légale.

Dans le territoire d’Onion, Philométor avait permis de construire un château fort destiné à protéger le temple. Naturellement le château et sa garnison étaient placés sous le commandement d’Onias. Il était aussi le chef militaire du district d’Héliopolis, appelé ordinairement district arabe. Eu égard à cette partie de ses attributions, Onias portait le titre d’arabarque (commandant du district arabe) ou, suivant une autre prononciation, alabarque. A Alexandrie, Onias était le chef civil et judiciaire de la communauté judaïque ; dans le territoire de l’Onion ou dans le district arabe d’Égypte, il était le chef militaire des Judéens guerriers qui y