Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/258

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fut soumise à la capitation (tributum capitis), même les femmes et les esclaves ; les filles au-dessous de douze ans et les garçons au-dessous de quatorze, ainsi que les vieillards, en étaient seuls exempts. En outre, il y avait des impôts sur les revenus ; les éleveurs de bétail durent fournir une partie de leurs troupeaux. L’impôt foncier (tributum agri) était payé en nature au moyen d’une redevance sur les récoltes (annona). Ces exigences exaspéraient toutes les classes de la population, qui voyait dans de pareilles mesures une sorte de mainmise et sur les affaires de la nation et sur les biens des particuliers. La tête, le champ, la fortune de chaque citoyen, devenaient ils donc la propriété du maître romain, qui en pouvait disposer à son gré ? — On ne peut assurément en vouloir aux Judéens, qui ignoraient la constitution romaine, d’avoir considéré le cens comme une servitude et de s’être attendus, le cœur plein d’angoisse, à un nouvel exil dans une autre Babylonie. La répulsion des Judéens pour le cens, répulsion exagérée, mais justifiée au fond, causait dans tout le pays une agitation violente : de nouvelles divisions de parti éclatèrent, qui laissèrent loin derrière elles les dissentiments antérieurs des pharisiens et des sadducéens. La question de l’autorité des lois traditionnelles céda le pas à cette question autrement brûlante : savoir, s’il fallait se laisser asservir par les Romains, ou leur résister de toutes ses forces. Cette question engendra une division profonde parmi les pharisiens eux-mêmes. C’est dans le Sanhédrin même que naquit la scission au sujet de l’attitude à prendre à l’égard du cens. Les nouveaux partis qui se formèrent se rattachent aux noms de Hillel, de Schammaï et de Juda le Galiléen.

Hillel et Schammaï ne semblent guère avoir vécu assez pour être témoins de la catastrophe qui fit de la Judée une province romaine. La mort de Hillel jeta le deuil dans tous les cœurs judéens. L’oraison funèbre prononcée sur sa tombe débutait par ces mots : Ô pieux, doux et digne disciple d’Ezra ! La vénération du peuple pour ce docteur se reporta sur ses descendants : la présidence du Sanhédrin devint héréditaire dans sa famille et s’y conserva plus de quatre siècles. De son fils et successeur, Siméon Ier, nous ne savons autre chose que son nom ; mais l’école