Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/259

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fondée par Hillel, qui avait hérité de son esprit et qui continua fidèlement ses traditions, acquit une grande importance. Les docteurs de cette école se distinguaient, comme avait fait leur maître, par un caractère paisible et doux, par une condescendance extrême, et ils ne démentirent jamais ces qualités au milieu de tous les orages qui se déchaînèrent sur la Judée.

Comme l’école de Hillel marchait sur les traces de son maître et prenait la douceur pour règle de conduite, ainsi l’école de Schammaï imita son fondateur et s’assimila, en l’exagérant encore, la sévérité de ses principes. Persuadés que les prescriptions religieuses ne sont jamais assez suivies et que les limites des prohibitions légales ne sauraient être trop étendues, les schammaïtes interprétaient la Loi avec une telle rigueur que celles de leurs décisions qui n’ont pas ce caractère sent citées comme de curieuses exceptions. D’après eux, on ne pouvait, avant le sabbat, ni commencer, ni confier à d’autres un travail qui devait s’achever le jour du sabbat, fût-ce sans le concours d’un Israélite. Il était défendu, ce jour-là, de consacrer de l’argent à des œuvres de bienfaisance, de négocier des mariages ou renseignement de la jeunesse, de visiter les malades et de consoler les affligés. Dans les dispositions relatives à la pureté lévitique des personnes et des choses, les schammaïtes mettaient une exagération qui les rapprochait des esséniens. Même rigueur en ce qui concerne les lois matrimoniales. Ils n’accordaient le divorce qu’en cas d’inconduite grave de la part de la femme. — Si, à la suite de ces querelles d’école, la paix intérieure ne fut pas troublée et si les disciples des deux docteurs restèrent en bons rapports, il faut en attribuer uniquement le mérite au caractère conciliant de l’école de Hillel. La sévérité avec laquelle les schammaïtes interprétaient la Loi, ils la portaient aussi dans les relations de la vie, spécialement dans leur façon d’accueillir ceux qui venaient à eux pour se convertir au judaïsme. L’école de Schammaï n’aimait pas les prosélytes : l’exemple de la famille d’Hérode était là pour montrer le mal terrible que des demi Judéens peuvent causer au judaïsme. Néanmoins, malgré leur sévérité dans l’interprétation de la Loi, les schammaïtes y firent de grandes concessions à l’armée judaïque qui s’était formée pour combattre les ennemis de la nation. Quelque scrupule qu’on