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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/398

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Titus dut renoncer à l’espoir de terminer rapidement la guerre et se préparer à un siège de longue durée. Mais il allait avoir une alliée puissante, la famine. Pour fermer aux assiégés les issues secrètes de la ville, il la fit entourer d’un mur de circonvallation d’environ sept kilomètres d’étendue. Par suite de l’exubérance de la population, les vivres devinrent de jour en jour plus rares. La famine atteignit d’abord les classes pauvres, dont les faibles provisions furent bientôt épuisées. Elle fit-taire toute pitié et étouffa les sentiments les plus sacrés de la famille. Les maisons et les rues se remplirent de cadavres. Les survivants erraient à travers les rues, le ventre ballonné, semblables à des fantômes. Plusieurs, poussés par la crainte d’une mort affreuse, passèrent à l’ennemi ; mais là, un autre genre de supplice les attendait. Les Romains ne tardèrent pas à remarquer que les transfuges avaient avalé des pièces d’or, afin de subvenir à leurs besoins dans les dures épreuves de la captivité. Alors ces cannibales leur ouvrirent le ventre pour y chercher l’or caché. — Les zélateurs, voyant les désertions se multiplier, redoublèrent de sévérité contre ceux qui leur étaient suspects : ils voulaient que chacun se dévouât tout entier à la patrie et ne craignit pas de regarder la mort en face. Quelques lieutenants de Bar-Giora avaient comploté de passer à l’ennemi ; le farouche commandant, les ayant découverts, les châtia sans miséricorde. Matthia Boéthos, qui avait, en compagnie d’antres membres de la noblesse sacerdotale, appelé Bar-Giora à Jérusalem, subit la peine de sa félonie : sur l’ordre de Bar-Giora lui même, il fut, avec trois de ses fils, décapité à la vue des Romains, et, en même temps qu’eux, furent exécutés deux autres membres de l’aristocratie et quinze hommes du peuple.

Néanmoins, malgré toute leur vigilance, les zélateurs ne pouvaient éventer toutes les ruses qu’imaginaient les traîtres. Les amis secrets que Rome avait dans la ville glissaient des billets dans les flèches qu’ils lançaient dans le camp romain, et, par ce moyen, instruisaient l’ennemi de tout ce qui se passait dans la ville. Mais les zélateurs de toute nuance, malgré la famine, malgré la trahison, ne cessèrent d’inquiéter les travaux des Romains, qui ne réussirent qu’après vingt et un jours et au prix de luttes opiniâtres à dresser une nouvelle terrasse contre l’Antonia. Une