Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/55

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noms à la publicité, pour écarter de leur œuvre tout soupçon d’influence personnelle ? Est-ce la postérité qui a été ingrate envers leur mémoire ? Ou bien les membres du grand Conseil étaient-ils réellement des hommes de médiocre valeur, et le judaïsme a-t-il dû son affermissement, son développement et sa grandeur, à l’effort collectif plus qu’à la volonté individuelle ? Toujours est-il étrange que, de cette longue période, si peu de faits soient venus à notre connaissance. Il faut admettre, ou que cette époque n’a poins tenu registre de ses faits et gestes, ou que ses annales se sont perdues. Il n’y avait pas, à la vérité, d’événements mémorables. Toute l’activité de la république juive se concentrait à l’intérieur, et, prise en détail, elle ne semblait pas assez importante aux contemporains pour mériter qu’on en transmit le développement et les résultats à la postérité. Il n’y avait là guère de matériaux pour une histoire. La situation, dans ses phases successives, aurait peut-être frappé un observateur étranger ; mais qu’est-ce qu’un indigène, mêlé lui-même au mouvement, y aurait trouvé d’assez saillant pour songer à en perpétuer le souvenir ? Le peuple juif ne s’adonnait qu’à des travaux pacifiques ; il n’entendait guère le métier des armes, pas même peut-être pour défendre son propre territoire contre les attaques de ses voisins. L’État judaïque était devenu, en réalité, ce qu’avait prédit le prophète Ézéchiel [38, 8] : Un pays tenu à l’écart de la guerre, rassemblé d’entre beaucoup de peuples sur les montagnes d’Israël. Une telle existence se dérobe, par sa silencieuse obscurité, à l’attention de l’observateur, à la plume de l’historien.

Les Judéens ne prirent certainement aucune part aux mouvements belliqueux des Perses, dont leur frontière fut le théâtre. Sous Artaxerxés II (Mnémon, 404-362) et sous Artaxerxés III (Ochus, 361-338), les mécontents d’Égypte, qui se donnaient le titre de rois, tentèrent à plusieurs reprises de secouer la domination persane et de rendre à leur pays son indépendance. Pour pouvoir résister efficacement aux armées persanes chargées de réprimer leurs insurrections, ces rois éphémères s’unissaient régulièrement avec les satrapes persans de Phénicie, qui gouvernaient