Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/56

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également la Judée. Souvent des troupes persanes se dirigeant vers l’Égypte, ou égyptiennes vers la Phénicie, ou des mercenaires grecs à la solde de l’une des parties belligérantes sillonnaient la côte judéenne de la Méditerranée, et les Judéens, du haut de leurs montagnes, pouvaient suivre ces mouvements. Mais ils n’en restèrent sûrement pas toujours tranquilles spectateurs ; car s’ils ne furent pas astreints à fournir des contingents militaires, il est d’autres prestations dont ils ne durent pas être exempts. Une fois, cependant, leurs relations avec les rois perses subirent un trouble grave. Ces derniers, cédant à des influences étrangères, s’adonnèrent à leur tour à l’idolâtrie. La déesse de la Volupté, qu’ils rencontraient partout, dans leurs marches, adorée sous les noms de Beltis, Mylitta ou Aphrodite, exerçait une puissante séduction sur les Perses, efféminés par leurs conquêtes et leurs grandes richesses : ils servirent cette déité et lui sacrifièrent. L’objet de ce culte infâme reçut un nom persan, Anahita ou Anaïtis, et eut sa place dans la religion du pays. Artaxerxés II lui accorda sa royale approbation et lui rit élever des statues dans toutes les parties de son vaste empire, à Babylone, Suse et Ecbatane, les trois capitales, puis à Damas, à Sardes et dans toutes les villes de Perse et de Bactriane. Introduire ainsi une divinité étrangère, et proposer des simulacres à l’adoration du peuple, c’était porter une double atteinte aux doctrines religieuses de l’Iran. C’était aussi détruire le lien moral créé jusqu’alors, entre les Perses et les Judéens, par leur commune horreur du culte des images. On n’offrit plus, chez les Perses, un pur encens au Dieu spirituel du judaïsme. Artaxerxés Mnémon parait avoir imposé de force aux peuples de son empire le culte de cette déesse de la Volupté, et avoir usé de la même violence envers les Judéens. On raconte, en effet, que ces derniers furent maintes fois molestés par les rois et les satrapes de Perse pour renoncer à leurs croyances, mais qu’ils se résignèrent aux plus mauvais traitements, à la mort même, plutôt que de renier la loi de leurs pères. Une relation assez singulière nous apprend qu’Artaxerxés Ochus, pendant ou après sa guerre avec l’Égypte et son roi Tachos (361-360), arracha des Judéens de leur pays et les transplanta en Hyrcanie, sur les bords de la mer Caspienne. Si la chose est