Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/63

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L’Égypte échut à Ptolémée Ier (Soter, surnommé Lagus), qui dut également au gain d’une bataille la possession de la Cœlé-Syrie et de la Judée. Jérusalem, sommée par lui de se soumettre, refusa de lui ouvrir ses portes ; mais un coup de main tenté le sabbat, jour où les Judéens ne prenaient pas les armes, le rendit maître de la ville. Il fit un grand nombre de prisonniers, qu’il emmena en Égypte, et fit subir le même sort à des Samaritains, qui vraisemblablement, eux aussi, avaient refusé de se soumettre.

Judéens et Samaritains auraient pu vivre heureux, — autant du moins qu’on pouvait l’être en ces temps de force brutale, — s’ils fussent restés indéfiniment sous le sceptre de Ptolémée ; car il était le plus humain des belliqueux successeurs d’Alexandre, savait apprécier la valeur des hommes et ne leur faisait pas plus de mal que son intérêt ne l’exigeait. Mais Ptolémée n’avait pas encore de droits légitimes sur la Cœlé-Syrie. Les administrateurs successifs de l’empire, qui gardaient encore l’apparence d’un gouvernement collectif et non divisé, ne lui avaient pas confirmé la possession de ces provinces, ou plutôt ses amis, les généraux alliés, ne voyaient pas cette possession d’un oeil tranquille. Il en était un surtout, Antigone, — âme ardente, politique habile autant que héros intrépide, — qui méditait d’annihiler ses amis et d’englober sous sa puissante main toutes les provinces du grand empire d’Alexandre. Après de longues années de préparatifs, une bataille décisive s’engagea enfin entre Démétrius, fils d’Antigone, et Ptolémée, laquelle se termina au désavantage du premier. La bataille de Gaza (au printemps de 312) est restée mémorable : c’est de cette époque, en effet, que Séleucus, le général proscrit qui avait combattu à côté de Ptolémée, data le début de sa puissance et inaugura une ère nouvelle, celle des Séleucides ou des Grecs, qui fut aussi adoptée par les juifs et s’est le plus longtemps conservée parmi eux.

Vaincu à Gaza, Démétrius fut contraint de se retirer vers le nord et d’abandonner tout le pays au vainqueur. Mais peu de temps après, Antigone et son fils ayant réuni leurs armées et s’apprêtant à recommencer la lutte, Ptolémée prit le parti de se retirer, non sans avoir fait raser les forteresses des côtes et de l’intérieur de la Judée, Akko, Joppé, Gaza, Samarie, et même Jérusalem.