Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/89

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faisait payer l’impôt aux habitants arabes ou nabatéens du pays, pour le compte du roi d’Égypte. Le parti helléniste le haïssait comme son adversaire. Hyrcan, qui craignait une mort ignominieuse, mit lui-même fin à ses jours, et Antiochus fit confisquer toute sa succession.

C’est alors que les Hellénistes mirent à exécution le projet, longtemps caressé, de dépouiller de sa dignité leur autre ennemi, le grand prêtre Onias. Son propre frère, Jésua ou Jason, promit à Antiochus une somme d’argent considérable pour qu’il consentit à lui conférer la grande prêtrise, et le roi besogneux n’y fit nulle difficulté (174). On l’avait probablement fait passer auprès du nouveau roi pour un partisan des Ptolémées.

Le second acte des Hellénistes ou du grand prêtre Jésua, dit Jason, fut de demander à Antiochus que tous les Judéens exercés aux jeux helléniques fussent considérés comme Antiochiens ou Macédoniens, en d’autres termes, comme jouissant de tous les droits des citoyens, et admis, par conséquent, à prendre part aux assemblées et aux jeux publics des Grecs. Les jeux, pour ces derniers, étaient chose sérieuse, et même la plus sérieuse de toutes. Les Grecs établis dans la Palestine et la Phénicie, en y célébrant tous les quatre ans les jeux Olympiques, conservaient dans ces pays barbares le lien de leur nationalité commune. Ceux qui, n’étant pas d’origine grecque, étaient admis à y prendre part, s’estimaient ainsi assimilés à la noblesse grecque et le tenaient à très grand honneur. Par l’introduction de ces jeux à Jérusalem, Jason et les Hellénistes espéraient procurer aux Judéens le droit de bourgeoisie grecque et, par suite, atténuer la haine et le mépris dont ils étaient l’objet. Aussitôt qu’Antiochus leur eut accordé cette faveur, Jason s’occupa activement d’instituer les exercices dont on avait besoin pour concourir aux jeux Olympiques. Il disposa dans la Birha ou Acra (Acropole), au nord-ouest du temple, un emplacement pour ces exercices, un gymnase pour les adolescents et une éphébie pour les jeunes garçons. Il y a apparence qu’on engagea des maîtres grecs pour enseigner aux Judéens, jeunes gens et adultes, les jeux gymniques, lesquels consistaient dans la course du stade, le saut, la lutte, le jet du disque et le pugilat.